Jean-Christophe Combe Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées

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Notre objectif : Bâtir une société dans laquelle chacun vieillit bien !

D’ici 2030, en France, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmentera de 15 à 20 millions. Elles représenteront un tiers de la population, et la part des personnes de plus de 65 ans dépassera celle des personnes de moins de 15 ans. Ce fait démographique est un fait de société et il concerne tous les pays développés. Cela m’inspire trois convictions :

  1. Il ne s’agit pas d’un simple « vieillissement de la population », c’est une transition, pour ne pas dire un choc, qui va profondément changer le visage de notre société. Il y a donc urgence à l’anticiper.
  2. Cette transition ne concerne pas uniquement les personnes âgées, leurs aidants ou les professionnels du grand âge : toutes les politiques publiques sont concernées, toute la société est impactée. C’est donc bien d’une mobilisation collective (pour éviter le terme de guerre) dont nous avons besoin. Comme pour tous les grands sujets, la solution ne se trouve pas dans deux ou trois grandes mesures générales et miracles, mais dans un ensemble d’actions et d’initiatives, qui bien souvent viennent des acteurs des territoires.
  3. Cette transition pose d’immenses défis, mais elle est aussi une formidable opportunité : celle de construire une société plus attentive aux vulnérabilités, capable de faire progresser l’innovation, l’emploi et de nouvelles formes de solidarité.

Les défis qui nous attendent : 

  • Le défi de la perte d’autonomie, qui concerne 20% des personnes de plus de 85 ans – qui seront trois fois plus nombreuses en 2060, avec de fortes inégalités sociales et territoriales. ·Le défi des proches aidants, qui sont plus de 4 millions – dont 62% sont des femmes, parfois obligés d’arrêter de travailler pour s’occuper d’un parent. 
  • Le défi de l’isolement social, qui est autant une question d’humanité qu’un danger vital pour les personnes concernées. 
  • Le défi des métiers du lien et du soin : nous devons attirer et fidéliser près de 350 000 professionnels, d’ici 2030, en leur proposant des conditions de travail et des parcours épanouissants. 
  • Et enfin le défi économique de l’augmentation du taux de dépendance, c’est-à-dire le rapport entre le nombre de personnes dépassant un certain âge et le nombre de personnes encore en âge de travailler. Le rapport Blanchard-Tirole1 l’a bien montré en 2021 : ce taux va considérablement augmenter puisqu’en 2020, 33 personnes de plus de 65 ans dépendaient de 100 Français âgés de 15 à 64 ans et que ce taux sera d’environ 45% en 2040, soit une hausse de près de 36 %.

Les opportunités qui s’ouvrent à nous : 

  • Une société plus engagée : un tiers des bénévoles associatifs sont des retraités et 55% des maires avaient plus de 60 ans en 2020. Les personnes âgées sont des acteurs indispensables de la solidarité familiale : ils gardent leurs petits-enfants, ils transmettent, ils inspirent. 
  • L’opportunité d’une société plus inclusive : En adaptant nos villes, nos campagnes et nos infrastructures aux plus vulnérables et en luttant contre l’isolement social et l’âgisme. 
  • C’est enfin une opportunité pour l’emploi et l’innovation : les enjeux liés au vieillissement sont de formidables terrains d’innovation et de création de services et de start-ups.
  • Ce sont aussi des emplois supplémentaires dans tous les secteurs commerciaux et non-lucratifs.

Au-delà de nos sensibilités, nous pouvons nous retrouver autour d’une méthode de débat en proximité au service d’un objectif commun que nous avons appelé le « bien vieillir ». Car bâtir une société dans laquelle chacun vieillit bien, ce n’est pas uniquement une question d’autonomie comme on le dit trop souvent, c’est aussi et surtout une question de lien social : « autonome » et « en lien », voilà les deux piliers du « bien vieillir ». 

Etre autonome, c’est pouvoir choisir là où on veut vivre – chez soi, dans un habitat intermédiaire ou dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées – et y être protégé. Les violences et les maltraitances sont inacceptables chez soi ou en établissement hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD). 

Etre autonome, c’est être reconnu dans son pouvoir d’agir. Ce n’est pas parce que les personnes vieillissent qu’on doit penser à leur place ! 

Etre en lien, c’est se sentir utile, au sein de sa famille, d’une association ou de son quartier, c’est pouvoir travailler jusqu’à l’âge de la retraite en prévenant les maladies chroniques sur un marché du travail qui sait tout le bénéfice qu’elle peut attendre de l’expérience professionnelle des seniors. 

Etre en lien, c’est pouvoir participer à la vie de la Cité en étant représenté et écouté, c’est permettre à la jeunesse de profiter de la transmission de savoirs et, à tous, de l’engagement de nos aînés.

Autour de cette Fabrique du Bien vieillir, je souhaite donc que nous nous rassemblions que nous nous approprions ce changement et que nous co-construisons avec les citoyens la France de demain, transformée et adaptée à cette grande transition.