Visite médicale - service militaire

Alors que beaucoup s’opposent à la vaccination, un ancien policier, Dom, nous raconte son point de vue. Il nous explique pourquoi la vaccination était obligatoire lors de son service militaire (classe 71/12) et nous fait part de ses ressentis à cette époque.

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“Pour moi, en décembre 1971, un seul injecteur : un des deux médecins du régiment aidé de deux infirmiers. Il y en a toujours eu au moins un, voire deux malins, qui mangent de la cochonnaille et boivent un bon coup de furieux…Ils ont été malades à en crever !

De mémoire, nous avons eu trois injections…et donc bloqués trois week-ends sans pouvoir sortir. Un peu long comme blague, mais il fallait le faire.

Cependant, nous avons tous remarqué ne pas être tombés malades malgré le froid hivernal très rude à Epinal city.

Pour certains, cela venait de la TABDT…Un produit ajouté à l’insu de notre plein gré.

TABDT, rien à voir avec les deux petites injections contre la Covid ! Description parfaite de la piqure du service militaire. Pas d’histoire, on ne demandait l’avis de personne, et le lundi, c’était séance de gymnastique pour dérouiller les épaules douloureuses.

“Il n’était pas question de solliciter des récipiendaires un consentement éclairé.”

Dom, classe 71/12

Nous allons être de moins en moins nombreux à garder en mémoire ce sigle. Il s’agissait d’une vaccination militaire, à laquelle, comme beaucoup de recrues, j’ai été soumis. J’en garde un souvenir peu sympathique d’autant, qu’à cette occasion, il n’était pas question de solliciter des récipiendaires un consentement éclairé.

Pour rappel, la TABDT signifie : Typhoïde A et B, diphtérie, tétanos. Nous étions réunis par sections dans un local de l’infirmerie et assis sur des bancs alignés. Nous étions torses nus et côte à côte. Il y avait des odeurs que je n’ai jamais pu identifier mais qui m’ont laissé un souvenir particulièrement désagréable. L’ambiance était alors à l’inquiétude parmi ces jeunes gens qui découvraient l’armée française.

Passaient dans notre dos des infirmiers qui étaient surtout des appelés du contingent aux compétences médicales non définies.

Le premier avait la mission de désinfecter la zone d’injection, dans le dos, à l’aide d’un coton imbibé de je ne sais quoi, peut-être de la teinture d’iode… et il frottait fort ! Un second suivait le même cheminement. Sans délicatesse, il plantait une aiguille dans une zone entre l’épaule et le cou. Il faisait cela à la chaîne, d’un geste machinal. Jamais il ne s’inquiétait de savoir si sa piqûre était douloureuse ou non.

Alors arrivait un troisième personnage qui devait être un médecin à en juger par son air pontifiant. Celui-ci, équipé d’une seringue qui m’a paru énorme, injectait le liquide dans l’aiguille fichée dans la chair. On ressentait tous, à en juger par les gémissements, une certaine douleur qui n’émouvait en aucune manière les intervenants. Le dernier personnage de cette séance était celui qui soulageait les receveurs puisqu’il était chargé de retirer les aiguilles. Il frottait avec un coton l’endroit de l’injection sans aucun ménagement et avec une ardeur douloureuse.

Par la suite, nous étions mis à la diète et invités, durant les quarante-huit heures suivantes, à beaucoup bouger le bras afin de faire circuler le produit vaccinal.
Piqués le samedi matin, une orange à midi et une soupe le soir. Idem le dimanche et le 1er repas le soir.

Et surtout, ne pas boire d’alcool ni manger de charcuterie ! Et rebelote deux semaines après.

“Il était admis que cette vaccination était douloureuse, point à la ligne. Mais c’était pour notre bien.”

Dom, classe 71/12

Certains, même ceux qui partaient en Outre-mer avaient une série de piqûres supplémentaires et ils n’en sont pas morts. Et puis, nous étions des guerriers ! Personne ne s’est inquiété de savoir s’il y avait des effets secondaires.
Il y a cinquante ans de cela, il n’était pas proposé à quiconque de consentir ou non, ou de demander des explications. Je ne me souviens pas qu’un jeune appelé ait osé contester. C’était ainsi.

Il se dit qu’un document de 45 pages a été édité pour expliquer la procédure de vaccination contre la Covid dans les EHPADs. On pourrait s’interroger pour savoir ce qui a changé. Sans doute qu’une bureaucratie paperassière a envahi notre façon de vivre… et que l’intérêt de l’individu a pris une telle place qu’on prenne des gants en permanence… le collectif passe après.

Et là, pas de manifestation pour savoir si cela était un respect à la liberté, pas de manifestation pour dire que l’on était sous le régime d’une dictature, pas de manifestation pour inciter les pauvres militaires que nous étions, à aller détruire les pharmacies, les permanences des députés, pas de manifestation pour renverser le pouvoir avec son Président.

C’était le temps du respect, de la discipline et du bon sens. Pauvres militaires de cette époque, combien sont morts de ces injections ? Et nous avions un carnet de santé mentionnant les vaccins ! 

Et pourtant, nous sommes tous rescapés de cette terrible époque.”

9 COMMENTS

  1. Merci Monsieur Joël Braud pour votre excellent article qui me fait revivre de bons souvenirs de cette période de ma vie et ainsi me donne l’occasion de partager avec vous et votre lectorat un souvenir concernant le TABDT, que j’ai personnellement vécu en tant qu’appelé.
    Je suis de la 65 1/b, incorporé à Nantes dans le service de santé à la caserne Mélinet où j’ai fait mes classes, 1 mois, et où j’ai reçu le TABDT, plus les vaccins contre la variole, la fièvre jaune et le typhus. Je me souviens que ça avait été assez douloureux après l’injection pedant toute la première journée. Notre section a été confinée dans sa chambrée pendant 48h, à jouer aux cartes, pas d’exercices, pas de corvées et pas de sortie. Le lendemain la douleur s’était atténuée et nous avons tous ressenti, mes camarades et moi, l’épaule sensible et engourdie pendant 2 jours. Je n’ai pas le souvenir que parmi mes compagnons il y en aient eu qui ont souffert de symptômes incapacitants ou invalidants, mais douloureux oui. Mais pas une expérience traumatisante au final.
    Puis j’ai été muté à Pau pour faire mon stage d’infirmier-parachutiste, 3 mois, au terme duquel j’ai obtenu mon brevet para et le »caducée », l’insigne distinctif d’appartenance au Corps Médical des Armées porté sur mon uniforme en tant qu’infirmier. Dans notre formation d’infirmier nous avons appris à faire les piqûres intramusculaires et sous-cutanées (pas les intraveineuses). L’exercice d’initiation à la pratique des injections se faisait en binôme, à tour de rôle et réciproquement sur nous-mêmes. Aïe aïe, il y en avait plusieurs d’entre nous qui n’avaient aucun talent pour faire des piqûres ! La fin du stage de notre formation coïncidait avec l’arrivée des appelés de la nouvelle incorporation, ce qui donnait l’occasion à la cohorte d’infirmiers, nouvellement diplômés que nous étions, de connaître le »baptême du feu » de la vaccination en mettant en pratique in vivo l’enseignement que nous avions reçu. J’ai un souvenir cuisant et empathique envers un appelé, dont l’infirmier s’exécutant sur celui-ci n’arrivait pas à »percer » la peau de son épaule. Je voyais du coin de l’oeil la main de l’infirmier placé à mes côtés trembler et l’aiguille de sa seringue, qu’il n’osait pas pousser d’un geste sec et rapide, buter sur la peau et se plier tandis que le nouvel incorporé se rapetissait et glissait de sa chaise vers le plancher en gémissant et en essayant de se soustraire à cette torture !!!! Après trois essais, et alerté par les gémissements »du supplicié », le Chef Instructeur est intervenu, a retiré l’infirmier du rang des »injecteurs » et a mis fin au supplice du jeune en terminant l’injection ! Je qualifiais ironiquement la grosseur de la seringue de clystère et l’aiguille de pieu ! en exagérant bien sûr, mais la grosseur de ces 2 instruments était impressionnante. Pour ma part, j’avais une bonne main pour faire des injections et seulement les plus douillets ont ressenti un »gros inconfort ». Le degré de tolérance à la douleur est très différent pour chaque individu, beaucoup de facteurs peuvent l’influencer dont en partie le vécu de chacun.
    Plus tard j’ai été transféré à la 51ème Cie Médicale Aéroportée basée à Toulouse à la caserne Niel voisine du 9ème RCP. Je ne garde que de bons souvenirs de cette période et des expériences que j’ai vécues, très enrichissantes pour moi et qui m’ont servies plus tard.
    Patrick

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