La répartition des zones de compétence entre la police nationale et la gendarmerie fait l’objet d’un constat accablant dans le dernier rapport de la Cour des Comptes. Ce découpage, basé sur des critères définis en 1941, n’a que peu évolué depuis. Alors que les phénomènes démographiques et criminels ont profondément changé, les zones urbaines restent confiées à la police, tandis que les zones rurales relèvent de la gendarmerie. Cette organisation, selon la Cour, génère des dysfonctionnements majeurs.
Les petites circonscriptions de police, notamment, se retrouvent en difficulté : leurs effectifs sont insuffisants pour répondre efficacement aux attentes locales, ce qui les rend coûteuses et peu performantes. Pour y remédier, la Cour recommande leur transfert à la gendarmerie. À l’inverse, certaines zones rurales très peuplées ou à fort enjeu criminel devraient basculer sous la compétence de la police.
Un autre problème soulevé est l’absence de coordination entre les forces dans certaines zones complexes. Par exemple, des lieux comme les stations de métro ou les zones commerciales se retrouvent parfois sous une double juridiction, rendant les interventions moins fluides. La Cour suggère de clarifier ces situations par des ajustements ciblés ou en autorisant des compétences partagées.
Cependant, la réforme de ce découpage se heurte à de nombreux freins. Les élus locaux s’opposent souvent aux changements par crainte de pertes en termes d’effectifs ou de moyens. De plus, les stratégies concurrentes entre la police et la gendarmerie compliquent les discussions. Face à ces résistances, la Cour plaide pour une révision progressive et continue des zones, en tenant compte des besoins locaux.
Le rapport souligne également le rôle croissant des polices municipales, qui emploient désormais plus de 27 000 agents. Leur intégration dans une stratégie globale de sécurité devient indispensable, notamment dans les métropoles. Pour garantir une efficacité accrue, la Cour appelle à une meilleure coordination entre ces forces locales et les forces nationales.
Ce rapport invite le ministère de l’Intérieur à s’emparer de cette problématique trop longtemps négligée. Une adaptation des zones de compétence aux réalités actuelles permettrait une allocation plus juste des moyens publics et une amélioration tangible de la sécurité pour les citoyens.