Argumentaire sur le cannabis de JPB.

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Le débat est relancé une fois de plus ! Pour obtenir la légalisation du cannabis « en oubliant notre efficace principe de précaution », nos 1,5 million de consommateurs ou usagers revendeurs de cannabis, entre autre,  sont toujours à l’affût !  Nous sommes les champions d’Europe en nombre de consommateurs.

 Le cannabis fumé n’a pourtant rien de thérapeutique pour nos jeunes et moins jeunes !

On ne fait pas fumer de l’opium pour soulager les douleurs des malades ; ont extrait certains principes actifs de l’opium pour en faire les médicaments comme la codéine, la morphine. Il en est de même pour le cannabis, avec des extraits qui sont déjà dans nos médicaments en France comme le CESAMET, le MARINOL, ou le SATIVEX prescrit ces dernières années pour des malades atteint de sclérose en plaques (SATIVEX en vaporisation buccale) ; en Suisse, des nouveaux conditionnements de cannabis sont à l’essai pour des malades âgés atteints de maladie incurable. Donc rien de nouveau ! 

L’idée du Premier Ministre en 2019, de faire cultiver ce cannabis thérapeutique dans la Creuse pour améliorer les ressources des cultivateurs creusois, demandera la mise en place d’un service de sécurité coûteux pour éviter les pillages ! Le cadre juridique actuel autorise en France la culture agricole du chanvre sativa (utilisé par l’industrie pour la graine et la fibre) contenant obligatoirement moins de 0,21% de THC (principe actif du cannabis), et c’est déjà très compliqué à gérer pour nos cultivateurs déclarés et contrôlés ! 

Comme dans la plupart des Etats qui ont commencé par la légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis, il faut s’attendre à une pression des lobbyistes commerciaux et des usagers récréatifs pour demander la légalisation de l’usage récréatif du cannabis ; l’argumentaire avancé par les startups internationales dans ce domaine est lisible dans les articles de presse ; ils n’attendent que la légalisation pour commercer plus de 1000 produits à base de cannabis (parfums, champoing, dentifrice, bonbons, chewingum, cosmétiques , boissons, encens, vêtements, …) startups qui aux USA  en sont arrivé à vous organiser soirées ou mariage cannabis …clé en main … avec services  de sécurisation…. ; dans tout cela, rien n’ai dit sur les conséquences sociales et sur les accidents de la route sous effet du cannabis, drogue dont les effets néfastes perdurent plus de 24h après usage !

Sous prétexte de liberté ou de guerre perdue contre la drogue, il est toujours possible de manipuler les plus influençables. Les consignes ministérielles ont permis à tout le système répressif depuis 2004, de pratiquer le simple avertissement pour tout usager de drogues et l’incitation aux soins. Se servir de l’argument d’emprisonnement des usagers est une grosse manipulation puisque moins de 100 usagers multirécidivistes simples usagers sont incarcérés et presque tous le sont pour des faits antérieurs où la peine de prison avec sursis tombe ou l’aménagement de peine n’a pas été respecté.

Les brigades de lutte contre les stupéfiants sont les services les moins pourvus en effectifs et en équipements spécialisés, depuis plus de 20 ans !  La suppression de la police de proximité dans nos cités « l’ilotage » depuis 15 ans et l’avertissement (plutôt que la sanction) recommandée par note ministérielle pour le simple usage de cannabis, font qu’il est difficile de parler de résultats dans cette lutte ! 

L’application d’une sanction comme pour le défaut de port de ceinture de sécurité permettrait très rapidement de parler de résultat ! Depuis Août 2020 seulement, pour le simple usage, le paiement volontaire d’une amende de composition à 200€, (150 € si paiement rapide, 450€ si refus) devient la nouvelle règle qui peut porter ses fruits ! 

S’appuyer sur l’exemple de vente et d’usage de tabac n’est pas crédible ; ce produit est légalisé, vendu sous contrôle d’Etat, mais cela n’empêche pas les mineurs d’y accéder, notamment par la vente de tabac « de contrebande » entre autre. (1 cigarette sur 4 est vendue illégalement et surtout depuis l’instauration du paquet neutre).

En France 75 000 morts évitables par an liés aux maladies du fumeur (fumeur de tabac et/ou de cannabis). Aucun des « experts » prônant la légalisation ne dit que fumer du cannabis est 7 fois plus cancérigène que le tabac alors que la mortalité et le nombre de malades fumeurs augmentent !

Aucun ne dit que fumer du cannabis est aussi dangereux que l’abus d’alcool pour la conduite des véhicules alors que l usage de tabac seulement ne modifie ni les réflexes ni le comportement des conducteurs.

On ne parle pas non plus des victimes « innocentes » et des 400 morts par an chez les fumeurs de cannabis auteurs d’accidents de la route ou du travail. (www.association-marilou.org).

Ces 50 dernières années, les politiques ont fait évoluer utilement nos mœurs en réduisant la liberté de vente et de consommation d’alcool ou de tabac mais en utilisant la voie répressive. Donc libéraliser l’usage d’une drogue supplémentaire, serait en opposition à ce principe de précaution. 

Dans cette logique libertaire, pourquoi pas supprimer tous les contrôles de vitesse et ne compter que sur la sagesse des conducteurs !

Dire que la légalisation du cannabis « pour mieux contrôler l’usage et le commerce » est la meilleure solution, c’est d’une naïveté dangereuse dans un pays latin comme le notre car une liberté acquise ne se reprend pas.

Arguments de propagande : la légalisation de cannabis permet de neutraliser le trafic, génère des emplois et des profits pour l’Etat. Faux ! 

Le trafic est solidement organisé en France, surtout dans les cités de toutes les villes et nous sommes devenu le Pays le plus gros consommateur d Europe. Vendre le cannabis légal taxé en officine avec accès aux adultes seulement sous prétexte de protéger les mineurs reste du domaine de l’utopie. 

Le cannabis ” herbes ou résine ou cannabis synthétique pour vapoteuse” vendu en officine sera obligatoirement moins puissant en THC que les variétés vendues sur le darknet ou dans les cités. Sémilla, skunk, Spip… Les dealers de nos cités n’ont pas attendu la légalisation ; ils sont tous multicartes à présent en proposant tous les produits stupéfiants.  Le dealer ne paie ni taxe ni charge donc il sera concurrent, avec des produits plus puissants, en quantité non limitée, moins chers et à proximité… 

En Hollande (qui est de moins en moins libérale dans ce domaine) une officine comme le Coffee Shop, interdit l’accès aux mineurs, et permet pour l’adulte l’achat avec limitation à détention de 5 grammes pour un usage privé … avec une carte de membre pour limiter l’accès à l’officine (interdit aux étrangers) et avec un contrôle bien compliqué pour les usagers cannabiculteurs?

Même si la consommation de cannabis est nettement moins importante chez les jeunes hollandais, il faut prendre en considération le côté strict de l’éducation et la prévention précoce dans ce pays nordique, comme en Suède. L’usage contrôlé, réglementé en Hollande n’a pas neutralisé le trafic des stupéfiants (plaque tournante la plus importante d’Europe après la dépénalisation), ni la criminalité liée à l’usage des drogues. 

Dans notre Pays, les mineurs étant les plus ciblés par l’offre illicite de cannabis, il faudra toujours autant de Policiers et de Gendarmes pour les protéger. Les dealers n’iront pas pointer au chômage, le cannabis n’étant que le produit d’amorçage pour vendre le reste.  Il faudra davantage de contrôles dans les cités pour limiter la vente cannabis de «contrebande» et plus de dépistages sur les routes car il y aura davantage de conducteurs adultes attirés par ce produit plus exotique que le tabac « s’il est vendu en officine ». Donc davantage de répression pour limiter l’accidentologie sur les routes et au travail.

Dans notre Société où faire fortune compte plus que l’intérêt général, les startups cannabis dans leurs nouvelles boutiques, avec toutes les nouvelles variétés de cannabis et les moyens d’en produire ou avec plus de mille produits ou supports (dentifrice, shampooing, pâte à mâcher, bière au cannabis, vêtements en fibre de chanvre cannabis, etc…) auront bientôt leurs boutiques en France. 

Les taxes seront insuffisantes pour prendre en charge les conséquences de cet usage récréatif dangereux pour la santé 10 à 20 ans plus tard comme nous l’avons vu pour le tabac plus tardivement. Ce seront encore les non fumeurs qui seront là pour payer !

L’AGRASC , Agence de gestion des avoirs saisis et confisqués, vient d’être associée aux actions judiciaires pour lutter contre le trafic, donc espérons que nos dealers de quartier seront concernés par les saisies ! Cependant, l’argent saisie ne va toujours pas aux associations qui hébergent les sortants de cure et qui les réinsèrent dans la Sté !

Utile pour soigner : faux !  La fumée du cannabis, entre autres méfaits, est toxique pour les poumons jusqu’à preuve du contraire ! Le cannabis conditionné en médicament, prescrit à certains malades, à des dosages précis  «non fumé», ne fait que soulager; bien d’autres médicaments sont plus utiles pour soigner ! 

Si l’on veut réduire efficacement et durablement le problème drogues en France qui gangrène la vie dans nos cités et plus particulièrement la vie des jeunes, il faut remettre en place l’ilotage avec ses cinq missions tel qu’il avait été conçu (j’ai été le formateur de tous les policiers ilotiers du 95), avec une police de proximité au contact de la population, surtout partout où les dealers exploitent les cités. 

Avant cela, une opération de récupération des quartiers, après repérage, identification, puis bouclage, est nécessaire ; cette opération concertée Police, Douane, AGRASC associée, doit permettre de neutraliser les dealers, les familles nourrices, les guetteurs … comme dans le cadre de la menace d’action terroriste car le lien financier avec cette forme de criminalité est établi.

La répression pour le simple usage de cannabis pour rappeler l’interdit doit être maintenue ainsi que pour toute présentation ou discours favorisant cet usage récréatif, avec une amende à paiement immédiat proportionnelle à l’infraction. Il ne faut pas retirer le caractère délictuel dès qu’il y a soupçon d’usage revente ; ce qui permet au policier, au gendarme et au magistrat de poursuivre les investigations pour lutter contre le trafic, mais aussi, quand il y a accident derrière l’usage de cannabis (piéton imprudent sous effet, conducteur de 2 roues ou des autres véhicules ou engins de travail).

En matière d’appréciation des conduites à risques, l’usage des drogues doit être considéré pas moins que le défaut de port de casque ou de ceinture de sécurité ou d’abus d’alcool, et permettre une interpellation.  S’il y a dépénalisation du simple usage pour le cannabis, produit psychotrope neuro toxique, qui à faible dose modifie le comportement, il faudra attendre l’accident ou des faits plus graves, pour permettre le dépistage et la sanction !

Pour sauver des vies, les pouvoirs publics sont de moins en moins tolérants vis-à-vis de l’usage d’alcool et du tabac. Nous savons que l’effet d’un simple joint de cannabis associé à l’usage d’alcool au seuil de tolérance, multiplie par 14 le risque d’accident ; alors, dépénaliser ou légaliser l’usage du cannabis serait le plus mauvais signal dans l’évolution de nos mœurs alors que nous sommes devenus champion pour cette pratique.

La majorité des parents, même ex-consommateurs, sont hostiles à une libéralisation de cet usage, surtout face aux difficultés scolaires et aux troubles de comportement de leurs ados « dits consommateurs festifs » qui ont généralement, sous cet effet, une consommation d’alcool aussi « libérée » !

Jean-Paul BRUNEAU

Ex-policier formateur anti drogue – double DU en addictologie – président fondateur d’EDVO (www.edvo.fr) ayant accompagné plus de trois milles toxicomanes dans leur rétablissement en 32 ans de bénévolat