L’histoire du château de Cheverny
Les terres de Cheverny sont connues depuis la deuxième moitié du XIVe siècle, époque à laquelle elles sont acquises par la famille Hurault. Elles sont alors occupées par une maison, un pressoir et des vignes.
Les générations suivantes agrandissent le domaine et édifient un château, fortifié vers 1510, par Raoul Hurault avec l’accord du roi Louis XII.
Portrait de Philippe Hurault, dessiné par Thierry Bellange, Pau, musée national du château de Pau.
Sous François Ier, le beau-père de Raoul, premier intendant des finances royales, est convaincu de malversation, entraînant dans sa chute le reste de sa famille. Le château est alors vendu.
Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, l’acquiert quelques années plus tard pour surveiller les travaux de son autre château : Chaumont-sur-Loire après avoir été évincée de Chenonceau par Catherine de Médicis.
Mais en 1564, au terme d’un long procès, une faille juridique permet la restitution du domaine à la famille Hurault.
Philippe Hurault, nouveau propriétaire, est un proche du roi Henri III qui lui confie les fonctions de garde des sceaux et érige les terres de Cheverny en comté.
Il épouse Anne de Thou, fille du président du Parlement de Paris, et accède ainsi pleinement à la noblesse de robe. Mais accaparé par ses fonctions à la cour, il séjourne peu au château.
Portrait d’Henri Hurault
Henri Hurault, son fils, devient lui bailli et gouverneur de Blois, ce qui lui permet de résider à Cheverny. Après le décès de sa première épouse dans de tragiques circonstances, il entreprend, avec sa nouvelle femme, de construire un nouveau château selon les goûts de l’époque.
Henri Hurault fait appel à un architecte local, Jacques Bougier (dit Boyer de Blois), pour créer sa nouvelle demeure, érigée entre 1624 et 1634. Ce dernier a déjà travaillé au château de Blois sous les ordres de Salomon de Brosse.
Le nouveau château de Cheverny, que l’on peut encore admirer aujourd’hui, s’inscrit dans le courant architectural qui se développe sous le règne de Louis XIII. À cette époque, de jeunes architectes, comme François Mansart, réinventent ces demeures aristocratiques, situées entre cours et jardins, avec une organisation pavillonnaire et une structure en pierres, briques et ardoises.
La cour d’honneur de Cheverny a disparu, mais la structure du château comme ses façades en sont encore un parfait exemple.
C’est une des filles du couple, la marquise de Montglas, qui fait resplendir le château grâce à de fastueuses fêtes qui attirent quelques-uns des plus grands noms de la cour dont la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV. Elle décrit la demeure comme un « Palais enchanté ».
Au XVIIIe siècle, le château change de nombreuses fois de propriétaires. Épargné par la Révolution, il revient aux mains de la famille Hurault, en 1825, lorsque Anne-Victor Hurault, marquis de Vibraye l’acquiert. Il est depuis possession de la famille sans discontinuer.
Héritiers de six siècles d’histoire familiale, Charles-Antoine de Vibraye et son épouse Constance, veillent à la préservation et la mise en valeur du château, des jardins, du parc, du chenil et du musée Tintin.