Mantes-la-Jolie : plaques photographiées, filatures… Les policiers dénoncent une montée des intimidations

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Publié le 25 novembre 2025 — Temps de lecture : 2 min

Depuis plusieurs mois, les policiers du commissariat de Mantes-la-Jolie alertent sur une série d’actes d’intimidation visant les fonctionnaires. Photographies de plaques d’immatriculation, filatures à la sortie du service, attitudes provocatrices : des comportements qui ravivent de douloureux souvenirs chez des agents encore marqués par l’attentat de Magnanville en 2016.

Plaques photographiées, comportements suspects : l’inquiétude monte

Selon plusieurs policiers, des individus connus pour des faits de délinquance n’hésitent plus à prendre en photo les plaques d’immatriculation des véhicules personnels stationnés à proximité du commissariat.
La crainte : voir ces informations circuler dans les quartiers ou être diffusées sur les réseaux sociaux.

« On ne sait pas ce qu’ils comptent en faire. Ces photos peuvent très vite se retrouver partout », s’inquiète Guillaume Dordet, délégué syndical Alliance pour les Yvelines.

Une filature qui se termine en interpellation

Fin octobre, un épisode a particulièrement marqué les esprits.
Un policier en civil, qui venait de terminer son service, a remarqué un automobiliste au comportement étrange. L’homme ralentissait, le fixait, et a attendu anormalement longtemps à un stop situé juste à côté du commissariat.

Le policier a pris la route, mais le véhicule suspect l’a suivi sur plusieurs kilomètres, l’obligeant à modifier son itinéraire pour tenter de le semer. Il a fallu l’arrivée d’une patrouille en renfort pour que la filature prenne fin.

L’automobiliste, âgé de 19 ans, a été interpellé.
Testé positif aux stupéfiants, il a expliqué avoir « confondu » le fonctionnaire avec un autre policier qu’il souhaitait « voir ».
Jugé immédiatement, il a écopé d’une amende de 600 euros, une sanction jugée dérisoire par les policiers.

« On ne comprend pas. Aujourd’hui, on peut intimider un agent des forces de l’ordre sans encourir grand-chose. Le cadre juridique n’est pas clair », déplore Guillaume Dordet.

Un climat de peur qui ravive les traumatismes

L’affaire ne s’est pas arrêtée là : une semaine plus tard, un jeune homme a été aperçu en train de photographier la plaque d’un autre policier devant le commissariat.
Un geste perçu comme une menace implicite.

Face à cette répétition d’incidents, l’anxiété progresse.
Certains policiers rentrent désormais armés chez eux, d’autres changent systématiquement d’itinéraire, et nombreux sont ceux qui ont choisi de s’installer loin de Mantes-la-Jolie pour protéger leur famille.

Tous gardent en mémoire l’attaque terroriste de Magnanville, en 2016, au cours de laquelle deux policiers avaient été assassinés à leur domicile après avoir été espionnés.

« Ce drame reste dans toutes les têtes. On se demande ce qui pourrait se passer si ces individus continuent à nous suivre ou à collecter nos informations », rappelle le délégué syndical.