Sécurité intérieure : un appel d’offres de près de 40 M€ pour équiper les unités d’élite de blindés lourds

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crédit photo : Domenjod

Le ministère de l’Intérieur a lancé, le 2 mai 2025, un appel d’offres de 39,6 millions d’euros pour l’acquisition de onze véhicules blindés hautement équipés. Ces engins sont destinés aux forces d’intervention de la police nationale, comme le RAID et la BRI-PP. Objectif : renforcer leur capacité de projection, notamment face aux menaces terroristes et aux violences urbaines.

Le document de consultation est sobre, mais le cahier des charges est explicite. Le ministère de l’Intérieur prévoit l’achat de onze véhicules blindés lourds, aux caractéristiques avancées : rampe hydraulique, harpon amovible, caméra 360°, sabords de tir pour armes longues, moteur de plus de 300 chevaux et capacité de pousser des obstacles de plus de 8 tonnes. Chaque engin devra accueillir au moins huit opérateurs en plus d’un pilote et d’un chef de bord. Leur couleur : noir mat. Leur autonomie : minimum 500 kilomètres.

L’accord-cadre, conclu pour une durée ferme de quatre ans, porte aussi sur la maintenance, les pièces détachées et la formation. Le montant total est plafonné à 39,6 millions d’euros TTC, avec une livraison prévue en Île-de-France.

Un besoin exprimé de longue date

Si la destination précise des blindés n’est pas précisée dans les documents, plusieurs sources syndicales confirment que le RAID devrait bénéficier de ces acquisitions. « Un gros blindé est prévu pour l’échelon central du RAID, qui en a exprimé le besoin depuis longtemps », indique François Gosciniak (Unité SGP). Du côté d’Alliance, Vincent Hergott souligne que les demandes du RAID « se perdaient dans l’administration kafkaïenne » et que cet achat constitue une réponse attendue.

La BRI de Paris (BRI-PP) serait également concernée. Elle mène des interventions hebdomadaires face à des forcenés et a exprimé le besoin d’un véhicule plus capacitaire que son PVP actuel, notamment pour approcher une zone de tirs ou évacuer des civils en nombre.

Contre-terrorisme, violences urbaines, forcenés

Les spécifications techniques donnent un aperçu des missions visées :

  • Interventions en zone hostile : sabords de tir pour armes longues, caméra grand angle, treuil avant amovible ;
  • Violences urbaines : vérins pour pousser des barricades, canon à eau amovible pour extinction d’incendies ;
  • Accès en hauteur : rampes hydrauliques permettant d’atteindre des étages.

Plusieurs industriels en lice

Les blindés intéressent plusieurs constructeurs spécialisés :

  • Cambli (Canada), avec son modèle BlackWolf, déjà testé par le RAID pendant la Coupe du monde de rugby 2023, puis par la BRI-PP ;
  • Arquus, fabricant français désormais intégré au groupe belge John Cockerill, avec son véhicule Sherpa, déjà utilisé par la BRI lors des émeutes de 2023 et par le GIGN ;
  • Lenco (USA), connu pour son BearCat, utilisé par les unités SWAT américaines.

Une absence remarquée : la gendarmerie nationale

L’appel d’offres est formel : il est « réalisé au profit des forces d’intervention de la police nationale ». La gendarmerie n’est pas concernée, bien qu’elle déploie déjà le blindé Centaure de Soframe depuis 2022. Contactée, elle renvoie vers le ministère, qui ne souhaite pas commenter.

Clôture des candidatures : 4 septembre 2025

Les industriels intéressés ont jusqu’au 4 septembre 2025 pour répondre à cet appel d’offres stratégique. Dans un contexte sécuritaire tendu, ce renouvellement capacitaire confirme la volonté de l’exécutif de mieux armer les forces d’intervention face aux menaces extrêmes, en s’appuyant sur des technologies robustes, modulables, et éprouvées en conditions réelles.